Démarche artistique
Longue interview (12 minutes) à la Celina Gallery (Gd Duché du Luxembourg), pendant l’exposition en octobre 2016.
(source :Web Tv Riv54)
https://www.youtube.com/watch?v=Kbv8lNwSkos&feature=youtu.be
Film réalisé et monté par « Rétine » (lien vers le site vimeo) :
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Démarche personnelle :
« Je ne crée jamais à partir d’un projet ou d’un discours afin de fabriquer quelque chose qui s’en réfère. D’après moi, tout travail de fabrication partant d’une intention de l’intellect ne fait pas partie du domaine artistique, mais de celui du domaine de la logique, du calcul ou encore comme le disait très justement Hannah Arendt : d’«Un résultat automatique de l’intelligence ». Personnellement je me revendique de ce que l’on peut appeler la création de l’esprit, et j’ajouterai également qu’un artiste/créateur ne fabrique pas une idée ou un concept, mais que celui-ci œuvre/crée ce qui va susciter des idées ou des concepts, mais surtout des émotions.
L’art est pour moi ce que nommait si joliment René Huyghe : « une expression, celle de la vérité intérieure subjective de l’artiste ». Mon mécanisme d’exécution est proche de celui des enfants, voire des fous. J’affectionne ce que l’on pourrait désigner comme une forme de « dessin automatique » (André Masson). J’insiste sur le fait que je me garde de toute intention, du moins celle qui comprend une volonté d’introduire dans le contenu de mes dessins ou peintures, des messages ou autres revendications existentielles ou réelles.
Pour conclure, j’essaye, dans l’exercice du dessin ou de la peinture, d’exprimer uniquement mon ressenti et mes émotions dans l’époque dans laquelle je me trouve. À travers ma création je n’émets aucune opinion, aucun jugement, mon époque ne m’intéresse pas, et je ne cherche pas à lui plaire … à vous plaire. Le peintre Daumier en son temps lança à Ingres qu’ « il fallait épouser son époque », ce à quoi ce dernier répondit : « Et si l’époque avait tort ? ».
Enfin, si vous désirez une explication de l’une de mes œuvres, je peux vous répondre Ici : Une œuvre se doit d’être in-finie (dans le sens pas finie). Il n’y a donc pas à l’expliquer, sinon elle meurt. »
Vadim Korniloff
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Le « beau » :
« J’ai toujours eu une passion pour la peinture/…/J’aimais particulièrement un de mes paysages au premier plan duquel se dressait un arbre sec et rabougri. A cette époque, je vivais à la campagne et mes juges étaient nos voisins. L’un d’eux, ayant considéré le tableau, hocha la tête et dit : « Un bon peintre choisit un bel arbre, vigoureux, couvert de feuilles bien vertes, et non un arbre sec et rabougri. » Ce jugement vexa l’enfant que j’étais alors. Ce n’est que plus tard que je compris sa signification, que je compris ce qui plaisait à la foule. » (Nicolas Gogol, Confession d’un écrivain, 1855).
Je laisse également les « choses » qui ne seraient que belles* à « la foule » qui n’a pas d’imagination, comme l’écrivit Proust à propos des hommes qui n’aimeraient les femmes qui ne seraient que belles. Pour décrire ce que j’aime, mes belles « choses », mon idée du « beau », j’aurais besoin ici d’une image, celle de l’alchimie parfaite, du parfait équilibre qui caractérise si bien l’unicité de ce « beau ». Seulement voilà, je n’ai pas le talent d’écriture pour aller plus loin. Le grand art selon moi est de loin celui de l’écriture et il me fait défaut, alors je dessine. La seule chose que je sache faire à peu près correctement. Mais je me console : dessiner n’est-il pas une certaine manière d’écrire après tout ? Cependant en cherchant bien, au plus profond de mes affects, les tristes et les joyeux, à un endroit rare et précieux ils se rejoignent ces affects les plus forts. À cette intersection heureuse il m’apparait une image, une image littéraire. Il en existe d’autres, mais c’est la mienne, et c’est dans ce poème de Robert Desnos que je viens de la trouver, cette image littéraire, à la rencontre de ces deux affects que tout oppose :
« Il était un grand nombre de fois
Un homme qui aimait une femme
Il était un grand nombre de fois
Une femme qui aimait un homme
Il était un grand nombre de fois
Une femme et un homme
Qui n’aimaient pas celui et celle qui les aimaient
Il était une fois
Une seule fois peut-être
Une femme et un homme qui s’aimaient »…
Mon idée du « beau » existe bien : « Une seule fois peut-être », mais n’en déplaise à certains, c’est quand même peut-être.
Vadim Korniloff
* « Pour que vous aimiez quelque chose il faut que vous l’ayez vu…entendu depuis longtemps tas d’idiots » (1920, Francis Picabia)

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